Il y a des expériences que seule une nuit en bivouac permet de vivre. En effet, même en se levant très tôt pour atteindre un point de vue ou en revenant de nuit, il n’y a qu’en étant sur place que l’on peut prendre le temps de voir évoluer la lumière et ainsi être témoin de conditions qui vont apporter une autre dimension à une photo. Combien de fois j’ai pu me dire en voyant une lumière hors du commun « qu’est-ce que ça aurait été bien d’être là-haut en ce moment ».
Le Lac de Peyre, du côté du Grand Bornand, fait partie de ces endroits qui méritent d’être sublimés par un coucher ou un lever de soleil particuliers. J’avais déjà pû m’y rendre quelques fois en randonnée ou à ski mais jamais pour dormir sur place.
En cette mi-août, la pluie était annoncée le vendredi soir, suivie par des éclaircies de plus en plus fréquentes les jours suivants. J’affectionne particulièrement ces conditions qui permettent souvent d’obtenir de superbes lumières et une atmosphère très claire. Nous partions donc le samedi en fin d’après-midi. Nous laissions la voiture au Col de la Colombière afin de gravir les quelques centaines de mètres de dénivelé nous permettant de rejoindre le Lac de Peyre. Comme prévu, la montée se faisait sous un ciel très chargé.
Le coucher de soleil ne s’annonçait pas vraiment dégagé non plus mais cela permettait de donner une ambiance plus sévère au lieu. Quelques tentes étaient déjà installées lorsque nous arrivions sur place sur les coups de 20h. Il semblerait que le froid annoncé n’avait pas suffi à décourager les randonneurs.
Avec la nuit tombante, la fraîcheur allait clairement s’installer. A en juger par le froid ressenti malgré les couches revêtues, nous devions certainement approcher les 5°C. Je me réveillais quelques fois la nuit afin de surveiller un éventuel éclaircissement du temps qui me permettrait de saisir la voie lactée. La nouvelle lune et l’éloignement des villes constituaient de bons facteurs pour ce type de photo. Malheureusement, les nuages n’allaient pas assez se dissiper pour pouvoir observer correctement les étoiles. Cela ne m’empêchait pas de prendre une photo de notre campement placé devant le reflet du Lac de Peyre. Le cadrage était rendu très difficile par l’absence de lumière.
Après quelques heures de sommeil supplémentaires, je me levais de nouveau à l’aurore. La lumière du jour qui commençait à poindre se reflétait dans le lac.
Tranquillement, l’atmosphère s’éclaircissait et le ciel devenait rose tandis que les nuages circulaient aux alentours.
Quelques rochers disposés dans l’eau donnaient une ambiance zen.
La lumière matinale apportant des teintes violettes, roses et bleues venait compléter à la perfection des compositions minimalistes.
Après avoir saisi quelques plans autour du Lac, je me déplaçais un peu pour obtenir un aperçu plus global de la vallée. Les bancs de nuages masquaient la majeure partie de la Chaîne des Aravis, ne laissant dépasser que les pointes des sommets.
Apercevant les sommets Suisses au loin, je m’avançais un peu pour mieux les cadrer.
Tout en redescendant le long des différentes crêtes, un bouquetin allait m’offrir un superbe cadeau. Il venait se placer exactement sur l’une des crêtes, juste en face de la Pointe Percée et du Mont-Blanc. La scène soulignée par la lumière matinale était juste parfaite.
Alors que l’animal reprenait sa quête d’herbe tendre, je cherchais à isoler un peu plus les sommets dépassant des nuages. La Pointe Percée et le Mont-Blanc avaient bien du mal à s’extraire de la brume.
En remontant vers le Lac de Peyre, je remarquais quelques petits points d’eau. L’un d’eux, placé presque dans l’axe du soleil levant et entouré de fleurs blanches (des Linaigrettes) créait un décors parfait.
Après ces quelques photos matinales, il était temps de profiter d’un petit déjeuner bien mérité. Les nuages commençaient à envahir les abords du Lac. Nous levions le camp dans la matinée et croisions dans la descente un flot de randonneurs montant admirer le lieu. Le temps était malheureusement moins dégagé que prévu mais l’ambiance créée par la brouillard était assez particulière.
En redescendant, je prenais également quelques secondes pour photographier d’intéressants mouvements de roches aperçus lors de la montée. Le temps gris aidait bien à souligner la rigueur du dessin.
Ce bivouac aura finalement tenu toutes ses promesses et m’aura permis d’être au bon endroit au bon moment pour saisir des instants magiques. Il doit certainement s’en produire une infinité tandis que nous nous trouvons à la maison ou au travail. Heureusement ce type d’expérience permet de profiter de quelques uns et de conserver cette surprise qui rend le moment exceptionnel.
A très bientôt pour de nouvelles photos.
Fred
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